les Sexe-Symboles !

En 2007, la société de négoce bordelaise Omnivins a lancé, à grand renfort de marketing, une gamme de vins de pays baptisée « Soif de Cœur » [1], couplée à un site de rencontres sur Internet. Chaque vin était décliné en deux présentations : étiquette rose pour les femmes, étiquette bleue pour les hommes. La contre-étiquette donnait toutes les informations pour se rendre sur le site de rencontres. Un code d’accès apparaissait au dos de la contre-étiquette lorsque la bouteille était vide, et permettait à l’acheteur ou l’acheteuse d’avoir un contact avec un autre amateur de Soif de cœur !

A l’achat, les seuls repères dont disposait le consommateur pour différencier une bouteille « masculine » d’une bouteille « féminine » étaient la couleur dominante bleue ou rose de l’étiquette et de la capsule, ainsi que les symboles de sexe ou de genre, bien visibles en blanc sur fond coloré : le rond surmonté d’une flèche pour les hommes, le rond surplombant une croix pour les femmes.

Ces deux « symboles sexuels » sont universels et reconnus par tous, du moins dans les pays occidentaux. Mais qui connaît leur provenance ? Evocation d’un spermatozoïde et de sa « cible » ? Symbolique de l’action (la flèche) pour les hommes et de l’ancrage dans la terre, du foyer et de la maternité pour les femmes ? … Pas du tout.

Ces symboles viennent de la Grèce antique, qui avait établi des liens entre les astres, le travail des métaux, et le genre des humains… C’est ainsi que, par rapport à l’or, métal le plus précieux associé au soleil, le fer qui se travaille dans la force et le bruit était associé à Thouros (la planète Mars) et à la masculinité, tandis que le cuivre, plus doux, l’était à Phosphoros (la planète Venus) et à la féminité. Vénus avait d’ailleurs deux noms, un pour l’astre du matin et un autre pour l’astre du soir, jusque à ce que les anciens comprennent qu’il s’agissait de la même planète. Phosphoros, littéralement « qui apporte la lumière », qualifiait la Vénus visible à l’aube, annonciatrice du lever du soleil. Elle a donné plus tard son étymologie au phosphore, élément chimique qui brille à la lumière.

Le schéma ci-dessous montre comment les lettres grecques utilisées dans Thouros, le theta et le rho, ainsi que que le phi de Phosphoros, ont formé progressivement par contraction les symboles que nous connaissons aujourd’hui [2].

Ces « sexes-symboles » confirment l’adage selon lequel « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus »…

Mais pas de confusion, on parle bien des planètes et non des dieux : la déesse de l’amour, Vénus latine, se nommait Aphrodite chez les Grecs, et Mars le dieu de la guerre, Adès.

A propos de la déesse de l’amour, voici une autre représentation de nos deux « sexe-symboles» en version plus érotique  …

Liens et références :

1. « Soif de coeur » est une marque déposée de la société Hausmann Famille. https://marques.expert/haussmann-famille/soif-de-coeur-3456531.html

2. G D Schott. Sex symbols ancient and modern: their origins and iconography on the pedigree. British Medical Journal 2005; vol 331:p1509-10. doi:10.1136/bmj.331.7531.1509 https://www.bmj.com/content/331/7531/1509

© Texte posté le 30/06/2020