Les vignerons à l’assaut de la COVID-19 !

(Dimensions de l’étiquette originale :  95 x  68 mm ; contre étiquette 55 x 68 mm)

A nouveau, ce blog présentant des étiquettes de vin rares ou originales est  bousculé par l’actualité. Celle qui bouleverse le monde depuis la fin 2019 : la pandémie de COVID-19.

Vignerons, marchands, négociants, œnologues, tous ont eu des idées pour faire face au virus. Sérieuses ou pas… surtout pas d’ailleurs! Mais l’humour et la dérision aident aussi à survivre, non ? Petit florilège, pour tous les stades de la maladie…

LE DEPISTAGE

Tout le monde sait maintenant que de nombreuses personnes infectées par le virus SARS-CoV-2 perdent l’odorat (anosmie) et le gout (agueusie). Cette atteinte neurologique en général bénigne de la COVID-19 concernerait environ 60% des cas. En contexte pandémique, perdre l’odorat est pour beaucoup un indicateur qu’il ou elle a peut-être attrapé le virus et doit se faire tester.

Avec cette cuvée « TEST COVID », Jean-Christophe Mauro, vigneron et propriétaire de la Chapelle Bérard (68 hectares en bio à Saint-Quentin-de-Caplong entre Libourne et Bergerac) joue avec beaucoup d’humour sur la perte de gout et d’odorat liée à la COVID-19.

L’étiquette au graphisme simple et accrocheur est un mode d’emploi :

« Verse-toi un grand verre de vin et sens le.

Si tu arrives à le sentir, goûte-le.

Si tu arrives à le sentir et à le goûter, tu n’as pas la Covid !!! ».

Partie d’une rigolade entre amis, mais aussi d’un souci réfléchi de se démarquer et relancer la vente des vins de sa région, cette cuvée est un vrai succès commercial. Parce que le vin est très bon, bio, proposé à moins de 10 euros la bouteille, les clients y reviennent pour sa qualité après avoir acheté la première bouteille par curiosité et amusement.

Cette cuvée est aussi (si vous avez toujours votre odorat) une invitation à découvrir les autres vins « transgressifs » de Jean-Christophe Mauro [1] : « les flacons flingeurs », étonnants Bordeaux de monocépages, « OOups », un rouge clairet à l’ancienne, « Censuré », un blanc de noirs aromatique et d’une superbe couleur œil de perdrix, ou encore « le Vin qui claque sa mère » !… Des habillages originaux pour de très bons vins bio, ciblant une clientèle jeune et moins « traditionnelle ».

JC Mauro a été imité (voire plagié…) quelques temps après par un autre vigneron, Christophe Avi, propriétaire du domaine du bois de Simon à Laplume (Lot et Garonne), qui a également proposé pour les fêtes de fin d’année 2020 (photo ci-dessous) une cuvée « TEST COVID », un merlot-Tannat 2018 d’AOP Brulhois. 

Là aussi, l’étiquette donne les 3 indications : 1. Servir un verre 2. Sentir le vin 3. Goûter le vin. Et la conclusion « Si vous trouvez du goût et de l’odeur, vous n’avez pas la Covid »

LA DESINFECTION

En cette période de COVID-19, on n’a probablement jamais autant consommé d’alcool… hélas sous la forme non comestible de gel hydro-alcoolique. Pourrait-on envisager comme désinfectant et virucide des formes plus sympathiques d’alcool ?

L’immense et regretté Jacques Puisais, biologiste, œnologue et philosophe, apôtre du « gout juste », avait établi sa résidence à Chinon, en Touraine. 

A 93 ans, il avait ses propres mesures barrières qu’il appliquait à tous ses visiteurs, comme le rappelle un de ses amis [2] :

« (Jacques) avait mis une barrière stricte pour le rencontrer à son domicile. Je l’ai visité à plusieurs reprises pendant les périodes de déconfinement et la procédure était la suivante :

– Masque obligatoire

– Lavage des mains

– Un verre d’eau de vie de prune pour purifier la bouche !!! »

Hélas, cela n’a pas suffi car le virus a fini par emporter Jacques Puisais le 6 décembre 2020.

LES TRAITEMENTS

C’est aussi en Touraine qu’est domiciliée l’Association Nationale d’Oenographilie ou ANO (les collectionneurs d’étiquettes et de documents sur le vin, la bière, les alcools) . Tous les ans, pour son assemblée générale, elle édite des étiquettes pour des cuvées spéciales. En 2020, à cause de la COVID-19, l’AG n’a pu avoir lieu mais l’ANO a maintenu sa tradition et a commandé une cuvée spéciale de Chinon, cher à Jacques Puisais, décorée d’une étiquette humoristique rendant hommage au personnel soignant (déco pour le tour de France cycliste ?) et comportant  un message fort : 

« Une dose de Chinon 2020, mieux que la Chloroquine« .

Message fort et totalement véridique, car il est maintenant admis que la chloroquine n’a aucun effet bénéfique sur la COVID-19…. Un excellent Chinon ne peut donc pas faire moins bien ! Et peut-être mieux, car consommé avec modération, n’est-ce pas un réel antidote à la morosité ? 

LES VACCINS

On retrouve ici Christophe Avi, propriétaire du domaine du bois de Simon (Lot et Garonne) qui propose sa prochaine cuvée thématique : 

« VACCS’VIN »!!

Disponible uniquement à partir de février 2021, comme cela avait été annoncé pour les vrais vaccins !

Et on retrouve également Christophe Mauro, avec une autre cuvée éphémère brocardant l’absence de vaccin français. On n’a pas de vaccin français, mais….

Dans le domaine des « vaccins » anti COVID, la palme de l’humour revient incontestablement à ce gérant d’un magasin de Bruxelles, qui dès mars 2020 avait exposé dans sa vitrine « LE VACCIN DU MOMENT : DEUX CORONAS ACHETEES, UNE MORT SUBITE OFFERTE ». 

Il parlait de bières bien sûr !….

Hélas, son idée a fortement déplu au responsable de la chaine de magasins dont il dépendait, et son vaccin du moment, pas très efficace au demeurant, a dû être retiré.

LA REEDUCATION OLFACTIVE

Terminons sur du plus sérieux. La perte d’odorat ou de goût régresse spontanément dans 50% des cas, le plus souvent en moins de 8 jours. Mais pour certains, elle persiste et peut durer plusieurs mois. Ce qui n’est qu’un désagrément pour tous, surtout les amateurs de vins, devient un drame pour les professionnels du vin (œnologues, sommeliers, vignerons) ou d’autres secteurs (gastronomie, parfumerie). Des services d’ORL ou de neurologie proposaient déjà des programmes de rééducation olfactive, dont le principe repose sur des stimulations répétées de l’odorat par une série d’odeurs ou de flagrances. L’Institut des sciences de la vigne et du vin de l’Université de Bordeaux a repris cette méthode et mis au point un kit de rééducation pour ses étudiants victimes des troubles sensoriels post COVID. La diffusion de ce kit va être élargie au grand public. A Nice aussi, le CHU remet des kits de rééducation olfactive, à base d’échantillons de cires diversement parfumées (aneth, thym, cannelle, girofle, coriandre, vanille, menthe, lavande,…) aux patients atteints, dans le cadre d’une étude visant à évaluer l’efficacité d’une telle rééducation.

Ces initiatives ne font que reprendre, dans un but thérapeutique, le concept du « Nez du Vin » créé dans les années 1980 par Jean Lenoir [4]. Le coffret, associant un livre sur les principes et étapes de la dégustation et des petites fioles contenant des extraits de parfums basiques, a eu un succès mondial. Réédité en plusieurs langues, il a été étendu depuis à l’Armagnac, au Whisky, au café…

N’attendez pas d’attraper le virus pour vous (ré)éduquer.

A votre santé !

© Le Nez du Vin. Editions Jean Lenoir

Liens et références :

1. Site du domaine La chapelle Berard de JC Mauro. www.chapelle-berard.com

2. Le Goût Juste. Blog de Jacques Puisais. Hommage de Roger Pallone. http://jacques-puisais.over-blog.com/2020/12/a-dieu-jacques.html

3. Site de l’Association Nationale d’oenographilie   http://www.associationnationaleoenographilie.com/

(voir aussi la page «  d’autres belles étiquettes« )

4. Cuvée Vaccs’vin, site des vins de Christophe Avi. https://christopheavi.com/vignobles-de-france/regions-viticoles/extra-terroirs/vaccsvin

5.  Le Nez du Vin. Editions Jean Lenoir. https://www.lenez.com/fr/editions-jean-lenoir/concept

© Texte posté le 12/02/2021

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